
Le jeu est un moyen pour l’enfant de s’approprier le monde, de l’explorer, de l’investir d’un sens et de se remettre de ses contrariétés. Pour les enfants, le jeu constitue une manière de communiquer, et d’apprendre.
Donc si l’on considère que le jeu est le vrai langage de l’enfant, l’adulte doit se mettre à sa portée et donc parler son langage : jouer avec un enfant est donc la forme la plus efficace pour entrer en communication avec lui.
Selon Donald Woods Winnicott (1896 – 1971), l’enfant joue pour :
Winnicott tient pour essentielle la distinction entre « game » : le jeu strictement défini par les règles, et « play » : le jeu qui se déploie librement, activité caractéristique de l’enfant qui construit un espace dans lequel il expérimente ses angoisses.
Dans leur ouvrage intitulé À l’école du jeu, Pierre Ferran, François Mariet et Louis Porcher définissent les « traits fondamentaux constitutifs de tout acte de jouer »
PAR LE JEU, l’enfant exprime ses représentations, les turbulences de sa vie psychique, et en groupe, il multiplie les possibilités de projection et d’identification.
1 – Le faire semblant :
Faire semblant de dormir… de manger… (je joue à être l’autre) introduit un décalage par rapport aux identifications primaires (je suis l’autre). Ce décalage permet la réalisation d’un dédoublement du sujet (sujet jouant, sujet joué). Ainsi, par le truchement du renversement de la passivité en activité, les enfants économisent beaucoup d’énergie en déplaçant l’angoisse interne en excitation externe, l’affect (par exemple la vengeance) et le retournement d’affect en son contraire : du déplaisir au plaisir.
2- La projection (imitation) :
L’enfant fait boire, manger sa poupée, la fait téléphoner… permet une connaissance des sentiments de l’enfant, de l’image qu’il a de lui-même et des autres. Elle est importante pour le maintien de l’équilibre affectif de l’enfant car elle localise dans l’espace ce qui est projeté. Elle défend l’enfant contre le retour du projeté, elle maintient l’ennemi au dehors.
3- L’assimilation (identification) :
L’enfant se transforme en lion, en maman, un bâton devient son cheval…consiste à éprouver comme le nôtre propre, le sentiment éprouvé ou supposé chez l’autre, cet autre apparaissant généralement comme un être plus ou moins idéal que nous cherchons inconsciemment à imiter : jouer à l’auto comme papa, identification au héros dans les contes…
4 – Les combinaisons symboliques simples :
Des scènes entières de la vie réelle transposée, ou des situations imaginaires, sont jouées.
5 – Les combinaisons symboliques compensatrices :
L’enfant s’accorde, dans le jeu, ce qui lui a été refusé ou qu’il n’ose pas faire dans la réalité.
6 – Les combinaisons symboliques liquidatrices :
L’enfant cherche à revivre une situation désagréable, angoissante, source de conflit (jeu de docteur où l’enfant fait subir à l’autre les pires atrocités).
7 – Les combinaisons symboliques anticipatrices :
Pour l’enfant, il s’agira de mieux accepter un ordre ou un conseil en anticipant symboliquement, dans ses jeux, les conséquences de la désobéissance ou de l’imprudence.
Ces combinaisons sont évolutives et acheminent l’enfant vers plus de cohérence, plus de respect de l’ordre chronologique dans le déroulement, un souci croissant de vraisemblance et d’imitation exacte du réel, une plus grande capacité à distinguer fiction et réalité.

Comme vous pouvez le voir, le jeu n’est pas une question légère, de nombreux théoriciens ont étudié la question. Même si cet article est très théorique, il justifie en partie la place importante du jeu dans l’apprentissage et la progression équilibrée d’un enfant.